Timbedra (Hodh Charghi), 01/04/2021 - Pour assurer la promotion du secteur de l’élevage nous avons opté pour l’exploitation des dérivés et l’insémination artificielle ».
C’est ce qu’a déclaré, le Président de la République, Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, mercredi soir à Timbedra, face aux cadres et notables du Hodh Charghi.
Dans ses réponses aux différentes interventions, le Président de la République a, tout d’abord, souligné l’importance et la pertinence des différentes contributions présentées lors de la rencontre, et les a qualifié de « visions et avis stratégiques ».
« Vos contributions constituent en quelque sorte des suggestions d’une très grande importance, et reflètent le sentiment qui anime le citoyen à propos de ce qui lui manque ou les services essentiels dont il doit bénéficier et qui sont en fait des droits légitimes pour chaque compatriote. Il s’agit des interventions qui étaient d’un très haut niveau de maturité et fondées pour l’essentiel sur des questions qui préoccupent les habitants », a fait remarquer le Président de la République.
Au sujet du secteur de l’élevage, thème essentiel de la foire de Timbedra, le Président de la République a souligné l’identité de vues au sujet du rôle pivot de l’élevage dans notre régime économique, et des contraintes et défis dont il est soumis actuellement. « Des efforts intenses doivent être déployés pour relever les multiples obstacles qui entravent la renaissance du secteur de l’élevage.
« A mon avis, le défi majeur du secteur reste l’abondance du cheptel et son caractère extensif. Des estimations font état de plus de vingt millions têtes, toutes espèces confondues. Promouvoir des ressources animales de cette envergure, implique la modernisation de l’exploitation de ce cheptel, la rationalisation de sa gestion et sa répartition dans l’espace, à travers le territoire national, notamment là où existent des activités pouvant conforter ce secteur », a-t-il ajouté.
Au sujet de l’approche qu’il juge la mieux adaptée, le Président de la République a précisé qu’elle porte sur la modernisation du secteur comme ce qui se fait dans d’autres pays, l’exploitation des produits dérivés et l’insémination artificielle pour améliorer ses différentes espèces. De même, des marchés extérieurs doivent être recherchés pour la commercialisation de l’excédent de la consommation nationale.
« Seule la viande rouge fait actuellement l’objet de cette procédure. Dorénavant nous devons identifier les quantités du bétail qui peuvent être exploitées pour cette démarche. Les autres troupeaux doivent faire l’objet de valorisation et d’organisation, indispensables pour rentabiliser le secteur, surtout qu’en Mauritanie l’élevage existe et représente une fortune non négligeable », souligne le Président de la République.
Le Président de la République a ajouté qu’il faut aller graduellement, et commencer par les étapes les plus élémentaires pour garantir l’aboutissement aux résultats escomptés au niveau de la catégorie A, à titre d’exemple.
« Le cheptel ici au Hodh Charghi est commercialisé au Mali, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso en l’absence de statistiques fiables qui en indiquent le nombre réel et les données essentielles sur la rentabilité des activités y afférentes. Certes, ces activités sont productives et s’inscrivent dans le cadre des efforts considérables que déploient les éleveurs pour la défense de leur intérêt, et rentabiliser leurs champs d’activités, d’où la nécessité d’organiser ce secteur vital, et prendre connaissance de tout ce qui a trait à son développement pour identifier les priorités. Ce qui est désormais rendu possible par la foire nationale de l’élevage, lancée aujourd’hui. », a-t-il noté.
S’agissant de la foire de Timbedra, le Président de la République a dit : « Je ne vous cache pas que j’ai été surpris par la qualité de cette manifestation qui fait naitre chez moi un immense espoir quant à la possibilité de développer le secteur. Nous avons constaté d’importants investissements du secteur privé national dans le domaine de la culture fourragère. Ce sont des investissements qui dépassent mes estimations. Bien sûr cela ne veut pas dire que la production animale n’a plus besoin d’être améliorée et mieux organisée ».
Le Président de la République a déclaré, par la suite, que des avancées doivent être opérées sur trois plans, afin de mieux profiter de la fortune, réaliser une valeur ajoutée pour les éleveurs, créer des occasions d’emploi pour tous et garantir assez de bénéfices aux promoteurs du secteur.
D’abord, l’offre d’aliments de bétail, en grandes quantités et à des prix accessibles, dans toutes les zones de concentration du cheptel, ensuite la mise à disposition des produits vétérinaires pour la santé animale et combler le déficit en personnel vétérinaire pour assurer la couverture de l’ensemble du cheptel.
« Il existe un déficit accru aux plans des médecins et techniciens vétérinaires. Un seul médecin et sept techniciens vétérinaires sont en service dans cette wilaya, réputée pour la richesse pastorale et l’abondance de son cheptel. Cette situation exige de l’Etat de centrer ses efforts sur la formation, ce qui nécessitera du temps », a-t-il fait observer.
Parlant de la commercialisation du lait, le Président de la République a souligné le facteur relatif à la mentalité et qui consiste à développer chez les éleveurs l’habitude de placer leurs troupeaux dans endroits propices à la vente de leur produit, ce qui impactera positivement leurs conditions de vie.
Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a également rappelé l’intérêt de préserver l’équilibre environnemental, la protection du couvert végétal et la prévention des feux de brousse.
Il a noté que le Hodh Charghi, en dépit de l’immensité de son territoire et l’abondance de son cheptel, reste la wilaya la plus exposée à ce phénomène destructeur. « Rien que la dernière saison, elle a connu un grand incendie dans la zone de Dhar. Sa maitrise a nécessité deux jours d’intenses efforts déployés par équipes d’intervention. Les conséquences étaient dévastatrices, une destruction des pâturages sur une superficie de près de 50km2. Dans ce cadre nous devons intensifier la sensibilisation sur la prévention de ce phénomène fortement préjudiciable à nos ressources pastorales. J’exhorte tout un chacun à y participer, selon statut et ses capacités ».
Au sujet de la faune, le Président de la République a mis en garde contre son élimination, surtout la chasse qui a quasiment tout détruit. « Nous devons tenir compte des conséquences désastreuses environnementales qu’entraine cette pratique qui n’est pas moins nuisible que les feux de brousse. La publication, il y’a deux jours, d’un extrait audiovisuel de personnes vantant la chasse d’un grand nombre d’outardes et lapins, m’a profondément choquée. Pire, ils proposent leur service pour faire apprendre aux autres citoyens les techniques de chasse de ces espèces. Nous aurons souhaités qu’ils s’emploient plutôt à faire des propositions plus judicieuses et plus profitables pour le développement du pays. ».
Parlant des questions relatives à l’offre de l’eau potable, et le manque de desserte de certaines localités sur la trajectoire des tuyaux du projet Dhar, surtout l’axe Timbedra-Aioun et les possibilités d’augmentation de la quantité d’eau fournie le long de ce réseau, le Président de la République a précisé qu’il existe des contraintes que certains ignorent comme l’absence de programmation des lignes secondaires dans le contrat initial. « L’Etat est en phase de trouver des solutions provisoires permettant de fournir de l’eau à partir d’autres sources dans l’attente de trouver une solution pérenne, à partir du lac de Dhar », a-t-il assuré.
Au sujet de la pêche continentale, le président la République a précisé que l’Etat accorde une importance capitale à la valorisation de ce type d’activités dans le lac de Mahmouda, et souligné que le département concerné s’attèle à développer ce secteur et le rendre accessible et bénéfique pour les populations locales.
Abordant le problème de l’enseignement dans la wilaya du Hodh Charghi, le Président de la République a précisé qu’il est inhérent aux méfaits de la sédentarisation anarchique, et tout ce qu’elle a causé en termes de parcellisation des efforts de l’Etat, surtout au plan des ressources humaines et des infrastructures de base.